Voilà une phrase que j’entends souvent, et je comprends bien pourquoi.
Sur le blog je vous parle de plein de petites choses. Séparément elles ne permettent pas toujours d’appréhender l’intégralité du dispositif (mélange de pédagogie institutionnelle et de numérique) en place qui est plutôt complexe.
Je me suis donc dit que j’allais essayer de vous faire un descriptif d’une semaine type dans ma classe.
Avant tout, il faut avoir quelques documents de référence pour bien comprendre comment tout s’emboite.
D’abord, l’emploi du temps.

Ensuite le plan de travail hebdomadaire.

Enfin, un exemple de référentiel de ceintures de compétences pour les élèves.

Les élèves disposent de 2 porte-vues.
Le premier contient les référentiels ceintures de tous les domaines en français et en maths (avec des items du CP au CM2). Ce référentiel suivra dans les futures classes puisque nous nous sommes mis d’accord avec les collègues de l’école pour que ce document servent d’outil de suivi tout au long de l’élémentaire (et ça c’est gé-nial !)
Le deuxième porte vue est un sorte de portfolio avec les PDT de chaque semaine et les fiches de progrès associées. Là où le premier permet d’avoir une vue globale des acquis tout au long de la scolarité, le deuxième permet d’avoir un détail très exhaustif du travail effectué chaque semaine et sert de support pour élaborer des plans de remédiation. Il est vidé à chaque période et archivé dans le dossier personnel de l’élève.
Maintenant c’est parti ! Et on va commencer… par la fin…
Vendredi 13h45 : le brainstorming

Et oui, une nouvelle semaine qui démarre, ça se prépare. Et on fait ça le vendredi en début d’après midi. Cela prend environ 45 minutes. Les élèves doivent remplir un plan de travail vierge comme montré plus haut. La tâche consiste à aller chercher dans le référentiel ceintures des items que les élèves pensent pouvoir valider. Je demande un minimum de 5 items. Je n’impose rien quand au choix des disciplines travaillées. Un élève peut, par exemple, prendre 4 items de maths et une poésie. Ou 2 items de français, 2 de maths et une capsule… Il est également possible de rajouter des items en cours de semaine si l’élève le souhaite.
De toutes façon tout se régule tout seul. Un élève pourra par exemple, se sentir à l’aise en maths et vouloir n’essayer de valider que ce type d’items au départ. Sauf qu’à un moment, il sera sûrement « coincé » par des notions trop avancées. Il se rabattra alors sur ce qu’il avait délaissé au départ. Mais comme les premières ceintures sont peu complexes, il démarrera en douceur.
Cette caractéristique du dispositif permet vraiment de valoriser des compétences (on sait tous faire quelque chose) et de permettre en entrée sereine dans un système d’évaluation complexe.
Un autre point vraiment important (indispensable même) du PDT, c’est le degré d’autonomie.

L’autonomie, j’en parle dans cet article. Pour remplir le PDT, il est indispensable que chacun soit conscient de son degré d’autonomie. En effet, tous mes élèves ne sont pas capables d’identifier eux-mêmes leurs acquis et d’avoir un regard critique sur leurs connaissances (et c’est bien normal à 7 ans !). Un de mes objectifs, au travers du dispositif, est de les aider à acquérir ce regard et de prendre de la distance par rapport à leurs savoirs.
Tout le monde commence au degré zéro, puis des profils se dessinent. Actuellement j’ai beaucoup de degrés 2 et 3. Peu de degrés 0 et quelques degrés 4, ce qui est, à mon sens un franche réussite en seulement 7 semaines. Les élèves s’entraident beaucoup.
A ces items, les élèves rajoutent leurs dictées (chacun avance à son rythme, j’y reviendrai dans un autre billet) et la lecture suivie qui, elle, n’est pas ou peu différenciée (on peut pas tout faire hein).
Ouffff, on est prêt pour partir en week-end ! Le PDT, ce sont aussi les devoirs. Ils sont facultatifs. Les items, dictées, poésies etc. peuvent être revus à la maison ou à l’école indifféremment.

Le lundi 9h15 : au boulot !

A partir du lundi, les élèves doivent remplir leur contrat. Il faut donc repérer les items qu’on a inscrits dans son PDT le vendredi, aller les imprimer (lorsqu’il s’agit de fiches, ce qui n’est pas toujours le cas) et réaliser la tâche demandée. Ces tâches peuvent être réalisées comme indiqué dans l’emploi du temps sur des plages de travail personnel (vous vous rappelez ? les docs importants en début d’article ?) ou à un moment où l’élève à terminé son travail.
Ah oui parce que, je ne suis pas Superman (je vous déçois là hein ?). Comme tous les instits, j’ai une programmation annuelle, périodique et un cahier journal. Et j’essaie de m’y tenir. Par exemple, en semaine 4, j’ai abordé la forme négative avec TOUS mes CE1, quel que soit l’avancement de leurs ceintures. D’ailleurs, comme je fonctionne en double niveau, quand j’aborde une notion avec un des niveau, l’autre est souvent en « travail personnel » et ça me libère pour être avec le groupe qui a besoin de moi. Bon par contre ce n’est pas une règle de fonctionnement général. Souvent je fonctionne en ateliers. Mais quasiment jamais avec le groupe classe entier.
L’évaluation, ici, est décrochée des séquences d’apprentissage. Certains s’évalueront en suivant d’une séquence, pour d’autres ça sera plus tard. Le gros plus de ce fonctionnement c’est qu’on attend que l’élève soit « mûr » pour valider un item. Par exemple, il me parait compliqué de demander à un élève de valider un item comme « repérer le sujet d’un verbe » si « repérer un verbe n’est pas acquis ». Logique non ?
Le dispositif permet aussi de vérifier que les notions sont fixées dans le temps puisque les évaluations sont souvent réalisées à froid.
Donc pour en revenir à mes #Bisounours, quand ils ont fait leur fiche, ils me la déposent dans le « bac à correction ». Je corrige, et je rends. S’en suit ensuite une petite gymnastique intellectuelle.

Chaque élève doit :
– observer si son travail est validé (code vert, orange, rouge)
– reporter le codage dans son PDT de la semaine
– reporter le codage dans son référentiel de ceintures
Si tout un corpus d’items est validé, on obtient une ceinture (cf le référentiel). L’élève doit alors :
– Indiquer sur sa fiche bilan qu’il a obtenu cette ceinture et inscrire le domaine dans lequel il a obtenu la ceinture
– Poser une gommette de la couleur de sa ceinture dans le tableau affiché en classe (qui répertorie toutes les ceintures de tous les élèves dans tous les champs disciplinaire).

Cette gymnastique a lieu une fois par jour environ. Elle prend une dizaine de minutes une fois rodée.
Je précise qu’en cas de non validation d’un item, l’élève ne peut pas tenter de deuxième essai la même semaine. Il doit obligatoirement y avoir une remédiation.
Vendredi 11h15 : le bilan
C’est vendredi, fin de matinée. On fait le bilan.
Chaque élève remplit la partie du bas du PDT. A savoir, si on a remplit le contrat (fait plus ou fait moins) et son avis sur son travail. (Au passage, on fait un point pour vérifier que tout a été reporté dans le référentiel des ceintures). Le maître donne également son avis et modifie au besoin les degrés d’autonomie, donne des conseils, aiguille, remonte le bretelles.
Ensuite, direction la cantine et… en début d’après-midi c’est reparti pour un tour !
Alors ? Vous y voyez plus clair ?