Il y a peu, je me suis exprimé sur le sujet sur Twitter. Mais forcément en 140 caractères on est limité dans les explications. Je vais essayer d’exposer mon idée avec un peu plus de place.
En gros je disais que j’avais du mal à comprendre l’argument du « Il ne faut pas les utiliser, c’est stocké en ligne hors de France » quand il s’agit de documents de travail numériques d’élèves.
J’ai cependant bien compris que les législations diffèrent et croyez moi, je suis loin de faire une confiance aveugle aux géants du stockage en ligne (américains ou non). J’ai pleinement conscience que nos données transitent par on ne sait où et je sélectionne avec soin ce que j’y place.
Mais alors, me direz-vous, le débat est clos ? Vous êtes d’accord ?
Oui si on veut. A la différence que je trouve que le débat n’est pas le bon. Oui il faut être vigilant avec son stockage en ligne mais n’est-ce justement pas le rôle de l’école de former un citoyen numérique aguerri qui saura utiliser ces outils avec discernement plutôt que de vouloir à tout prix l’empêcher d’y toucher parce que « on ne sait jamais ? ». J’avais choisi l’analogie de la conduite pour l’usage de Twitter il y a quelques années. On est bien d’accord, conduire une voiture peut être très dangereux. C’est pour ça qu’on a créé un code de la route. Va-t-on arrêter de prendre notre voiture par que cela comporte des risques ? Non, et il en va de même pour ces services.
Et là où je pense qu’il y a un faux débat c’est que les gens qui souhaiteraient qu’on n’utilise pas ces services brandissent l’argument du « Mais tu te rends compte ? Des données sensibles des élèves stockées on sait-où ? »
Et c’est là, je pense, qu’on insulte l’intelligence des enseignants. Qui a parlé de données sensibles ? Moi je parle de documents de travail. De schémas de l’appareil digestif, de capsules vidéos du prof, d’un exercice d’entraînement de conjugaison, le tout anonyme bien entendu… Vous croyez que ça va intéresser qui de voler ça ? Et qu’est-ce qu’il va bien pouvoir en faire ? Personne n’a parlé de stocker des noms, adresses ou même des résultats scolaire sur ces plateformes. Je pense que le bon sens des enseignants est suffisamment développé pour ne pas tomber dans ce piège. Et puis s’il faut, on fait un rappel, mais bon quand même. Pour moi les profs sont des gens intelligents.
Quant à faire publier les élèves là aussi c’est particulièrement intéressant. Leurs apprendre qu’il ne faut pas mettre d’informations personnelles si on publie sur YouTube ou Adobe Voice (oui hein Adobe est aussi un géant américain qui stocke les vidéos sur ses serveurs). On est en plein dans le programme d’ECM en lien avec internet. Parce que nos élèves vont s’en servir de ces outils. Ce serait illusoire de se dire « Non mes élèves ne se créeront jamais une page Facebook, c’est impossible. » Voyons un peu de bon sens.
Il y a aussi l’argument du « Ce sont des services qui cherchent à faire du fric ». Ouais… Clairefontaine et les autres Conquérants ou Bic aussi… On va fabriquer nous mêmes nos cahiers ?
Le discours alarmiste ne résout pas les problèmes. Il faut apprendre à nos élèves et non pas simplement essayer de leur faire peur. Je ne dis pas qu’il faut banaliser ou dédramatiser l’usage de ces outils, bien au contraire. Mais je suis pour accompagner plutôt que d’interdire.
Donc au final, si on utilise ces outils mais qu’on n’y stocke rien de sensible parce qu’on sait justement qu’il y a des zones d’ombre et si on apprend au passage à nos élèves qu’on ne publie ou stocke pas n’importe quoi n’importe comment, parce que publier sur internet c’est mettre une grande affiche en place publique alors on doit bien réfléchir, parce qu’on laisse des traces…
Sérieusement, où est le problème ?